À propos

 

Le secret de la réussite

Tout au long de ma carrière de journaliste et de consultant en communication*, j’ai rencontré un grand nombre d’artisans, de fabricants, d’experts et d’acteurs clefs du marché de la boulangerie-pâtisserie, de la chocolaterie et de la restauration rapide. J’ai vu de belles histoires à succès, même en zones rurales reculées et isolées (ou personne n’oserait s’installer aujourd’hui !). J’ai vu aussi des artisans rebondir d’une manière remarquable après s’être fourvoyés dans une impasse, en posant simplement un acte décisif. Ce contact avec les artisans qui se bougent est formateur et inspirant. Je sais aujourd’hui qu’il n’y a pas de recettes toutes faites pour réussir, mais que certaines attitudes sont porteuses. La passion, le dynamisme, la curiosité, l’envie de progresser, la prise de risque ou l’aptitude à poser des actes concrets sont certainement des ingrédients essentiels. Mais rien ne remplacera la capacité à s’entourer des bonnes personnes pour obtenir un conseil avisé ou pour améliorer son niveau de compétences. Se former, se tenir informé, se documenter, se faire conseiller par tous les moyens existants (stages, formations, journaux, livres, Internet, chambres consulaires, agences…) et, ce, tout au long de la vie est certainement le meilleur moyen pour progresser et réussir. Un artisan isolé, méfiant et fermé sur des convictions “dures” ne peut pas monter en puissance. Un artisan curieux, confiant, ouvert sur le monde et qui sait déléguer dispose au contraire du bon moteur pour réussir. Car rien n’est donné quand on ne veut rien recevoir.

 

Réussir ? pas si facile !

Ce blog professionnel est né d’un constat assez évident : il est devenu aujourd’hui difficile pour un artisan de s’installer et de réussir dans le petit commerce de proximité. Le parcours de création est semé d’embûches et le risque d’échec est élevé. Pour réussir, il faut apprendre à consolider dès le départ les piliers de son affaire pour éviter de plonger par la suite dans des difficultés sans fin. Le recours au crédit bancaire, l’achat ou la location-gérance d’un fonds de commerce, la mise en conformité des locaux, le respect de la législation (sur l’hygiène, l’environnement, le travail, la sécurité, le commerce…), l’embauche de salariés, le management des équipes, l’élaboration d’une offre impactante… tout cela ne va pas de soi et doit être piloté avec professionnalisme. Et une fois qu’on est installé, rien n’est joué non plus ! Il faudra séduire les clients et être accepté par la population. Il faudra tenir le cap sur la rentabilité, la qualité, la sécurité alimentaire, le respect de l’environnement… Il faudra faire face aux charges administratives (nombreuses et changeantes) et accepter d’exercer sous la pression des contrôles (des fraudes, de l’hygiène, du travail, des impôts, des URSSAF…). Il faudra bien-sûr chercher à innover, à améliorer ses procédés, à gérer ses coûts de fabrication, à se remettre en question, à suivre les tendances de consommation ou à faire évoluer son commerce tout au long de la vie. Il faudra aussi attirer et fidéliser un personnel compétent et motivé, apprendre à manager et à déléguer pour se concentrer sur l’essentiel. Le nombre des défaillances d’entreprises et la raréfaction des petits commerces dans nos communes montrent clairement que réussir dans l’artisanat alimentaire est loin d’être simple.

 

Et pourtant…

Pourtant l’envie d’entreprendre et de devenir son propre patron n’a jamais été aussi forte. La création d’entreprises (notamment de micro-entreprises) explose dans la filière alimentaire. La restauration rapide, longtemps dominée par une poignée de grandes enseignes, est bousculée par l’arrivée d’une multitude de petits intervenants particulièrement créatifs. Food trucks, stands sur les marchés locaux, petites échoppes, épiceries “partagées”, vente à distance… les formats commerciaux se diversifient. Les jeunes artisans et les adultes en reconversion séduits par l’aventure entrepreneuriale remplissent les centres de formation. L’image de l’artisanat indépendant n’a jamais été aussi positive, en particulier en boulangerie, en pâtisserie ou en restauration. Les consommateurs apprécient aussi de plus en plus leurs petits commerces pour la convivialité, la qualité, le service et leurs atouts durables. Ils sont prêts à y revenir massivement, à condition de pouvoir s’y retrouver sur le prix et la qualité. Tout cela constitue un terreau extrêmement fertile ! Il y a donc un défi de société incroyable à relever pour soutenir tous ces artisans passionnés qui veulent juste vivre de leur travail avec un minimum de sécurité et de viabilité. On peut certes attendre des politiques publiques davantage d’aides et de simplifications administratives, mais force est de constater que rien ne viendra plus de ce côté-là (à moins que…). Et au fond n’est-ce pas à l’artisan de se prendre en main ?

 

Un challenge de fond

Le vrai défi à relever, le voici : l’artisan indépendant traditionnel doit évoluer en artisan-entrepreneur sans rompre avec les valeurs artisanales qui font sa force (le savoir-faire technique, la qualité, le service, la proximité, le conseil…). Il ne peut plus se contenter d’être seulement passionné, créatif et expert dans son métier, cela ne suffit pas. Il doit impérativement apprendre à manager son entreprise et à engranger d’une manière ou d’une autre des compétences en marketing, communication, innovation, hygiène, qualité, sécurité, administration, gestion, droit… Toutes ces fonctions stratégiques qu’on retrouve dans les entreprises de plus grande taille sont devenues vitales pour l’artisan qui veut réussir. Pouvoir vivre de son travail tout en préservant une certaine qualité de vie est devenu une attente forte et légitime (ça n’a pas toujours été ainsi). Ainsi chercher à rentabiliser son entreprise tout en se dégageant une rémunération confortable et du temps pour soi et ses proches n’a rien de honteux ou de malhonnête. Ce doit doit même être un objectif prioritaire ! On a trop longtemps opposé “artisan” et “entrepreneur” comme si l’un et l’autre était assis sur des valeurs opposées (le service des autres pour l’un, le service de l’argent pour l’autre). Aujourd’hui, il faut réussir à en faire une synthèse constructive.

 

Les bonnes stratégies

Les éditions Artisan Entrepreneur tentent d’apporter une petite contribution à ce nouvel enjeu sociétal en proposant aux artisans un socle de compétences immédiatement exploitables et de stratégies pertinentes pour entreprendre et réussir dans l’univers du petit commerce alimentaire. Bien sûr, quand on crée son entreprise, il faut s’entourer dès le départ de bons partenaires, c’est à dire au moins d’un avocat, d’un notaire, d’un agent immobilier et d’un expert-comptable, si possible experts dans l’univers de l’artisanat et du petit commerce alimentaire. Il ne faut pas hésiter non plus à demander l’aide des chambres de commerce (CCI) et des chambres de Métiers (CMA). Elles sont là pour ça ! Aussi, dans ce blog, vous ne trouverez que peu d’informations spécialisées que seuls ces professionnels pourront vous apporter le moment voulu. Ce blog n’a pas non plus vocation à apporter un conseil personnalisé et circonstancié. Par contre, vous trouverez une mine d’informations sur les stratégies que vous aurez à mettre en œuvre au quotidien et sur lesquels vous aurez à concentrer l’essentiel de votre énergie. Pour les découvrir, téléchargez notre guide Entreprendre en artisanat alimentaire – Les 6 compétences pour réussir. Ces thématiques sont au fond communes et transversales à tous les métiers de bouche, sachant que ceux-ci sont aussi de plus en plus en interaction.

Bonne lecture !

 

Armand Tandeau

Fondateur des éditions Artisan Entrepreneur

 

*Mon parcours : Diplômé d’un Master Sciences (DEA) en biochimie et microbiologie, je suis aujourd’hui journaliste spécialisé en boulangerie-pâtisserie et consultant en communication dans le domaine agroalimentaire (j’ai fondé l’agence Agro Food Rédaction en 2006). Je collabore notamment avec le journal La Toque Magazine où je tiens diverses rubriques dédiées au management de l’entreprise artisanale. J’ai aussi enseigné la microbiologie et l’hygiène alimentaire en BTS diététique (formation pour adultes) pendant près de 10 ans. J’ai écrit divers manuels pédagogiques dont une collection de 6 guides pratiques dédiées au management de l’entreprise artisanale (hygiène, marketing stratégique, marketing opérationnel, développement durable, innovation…).